Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/293

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de Hauréau. J’avais formulé cet enthousiasme pour la modernité architecturale, dans le premier article qui sortit de ma plume naïve : cet article, dont j’ai perdu le texte, mais retenu le titre et la donnée, s’appelait : l’Art et la Science. J’y indiquais un rajeunissement des formules épuisées, un renouvellement des conceptions usées, par l’adjonction de la science. C’était surtout l’architecture, qui me paraissait avoir fait son temps, et réclamer du neuf. Les ogives et les arceaux gothiques n’avaient-ils pas magnifiquement et longuement rempli leur rôle d’utilité et de beauté ? Il s’agissait, maintenant, puisque l’homme moderne avait besoin de gares, de docks, de théâtres, d’hôpitaux, comme le contemporain de Philippe-Auguste réclamait des cathédrales et des monastères, de concevoir et d’élever des édifices modernes, traduisant le vœu, l’enthousiasme, la foi des générations scientifiques, positivistes et industrielles du siècle de la vapeur et de l’électricité. Sans contester le charme de Saint-Séverin, la délicatesse de Saint-Julien-le-Pauvre, et la majesté compacte de Saint-Eustache, j’exaltais, peut-être avec excès l’Opéra de Garnier et les Halles de Baltard. Avec Zola, nous parlions souvent de la beauté intrinsèque de cet art tout récent, que nos contemporains semblaient ne point voir, et dont la plupart se refusaient à admettre le double caractère utilitaire et esthétique. L’idée lui était venue, flottant en l’air, éparse dans nos propos, sommairement indiquée dans nos articles, discutée, combattue, approuvée, commentée, d’écrire un livre ayant les Halles pour décor et pour scène. Ce thème l’enchantait. Son système des milieux et des grands cadres participant à l’action, s’y incorporant, allait trouver là un propice sujet d’application. Le Ventre de Paris fut le premier de ses