échauffés, son atmosphère alourdissante et son personnel remuant, babillard et trivial. L’apprentie délurée, vicieuse, la grande Clémence dépoitraillée, Gervaise grasse, active cependant, allant, venant, besognant, j’ordonnant, mettant les fers au feu toujours en riant, satisfaisant les pratiques, gagnant de l’argent, taillant des bavettes oiseuses entre deux pliages, et, de temps en temps, jetant des regards indulgents de travailleuse réussissant, sur son homme encore aimé, dorloté, excusé, car, pour la première fois, il est rentré saoul, et cuve, sans malice, dans l’arrière-boutique. Toutes ces scènes composent un drame simple et vrai. Impossible de mieux rendre les allures, les façons de vivre et d’ouvrer du petit commerce. Le repas joyeux et plantureux, donné dans l’atelier, presque dans la rue, imposant l’envie et l’admiration aux voisins, avec M. Poisson, qui, en sa qualité de sergent de ville, est réputé avoir l’habitude des armes, investi, par conséquent, de la mission de trancher le gigot, dont d’abord il détache, au milieu de rires polissons, « le morceau des dames », l’ivresse tapageuse grandissante, l’étourdissement général, tout ce tohu-bohu d’ouvriers et de petits bourgeois en liesse, l’apothéose de Gervaise toujours heureuse et de Coupeau seulement éméché, pas encore incendié dans les flammes de l’alcool, voilà l’un de ces morceaux d’art où Zola s’est montré peintre puissant, à la touche sûre. D’autres scènes, comme la veillée mortuaire, où l’on perçoit l’horrible glou-glou de la « vieille qui se vide », la faction lamentable de Gervaise sur les boulevards extérieurs, la mort navrante de la petite Lalie, le delirium tremens final sont d’une rare puissance, et la mémoire en garde à jamais l’impression. Le romantique impénitent que fut Zola, bien qu’ici
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