Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/323

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tohu-bohu d’outrages et de blagues, c’est ce tintamarre haineux se propageant dans la presse, à tous les étages des feuilles plus ou moins vertueuses, c’est l’indignation des salons faisant chorus avec l’hostilité des faubourgs, c’est tout cet orchestre d’ignominie qui s’est trouvé attaquer, sans le vouloir, la marche du couronnement de Zola. Le mépris montant de la foule, le ridicule s’élevant des couplets de revues, cette clameur, comme au temps du normand Harold, poursuivant cet homme, tout à coup, et à l’insu des bouches hurlantes, se transformèrent en formidable Hosannah. Quelques semaines après ce déchaînement universel, par la force des choses, et de par la domination du talent, l’acclamation montait, grandissait, couvrait tout, et l’auteur de l’Assommoir, Zola-la-Honte, Zola-le-Pornographe, Zola-le-Cochon, était devenu Zola-la-Gloire ! Après une œuvre violente comme l’Assommoir, Zola voulut une détente. Sa cervelle était en feu, il lui convenait de la rafraîchir. Il avait besoin d’air pur, de liquides doux, pour apaiser la fièvre prise au contact des cabarets et des bouges. Le public aussi, à ce roman âcre et pimenté, verrait avec satisfaction succéder une œuvre intime et discrète, avec de larges descriptions coupant de reposantes scènes d’intérieur. Alors il écrivit Une Page d’Amour. Ce roman parut d’abord dans le Bien Public, à la place même où avait été publié, puis interrompu l’Assommoir. Le premier feuilleton fut inséré dans le n° du 11 décembre 1877 ; c’est à l’occasion de l’apparition dUne Page d’Amour que Zola donna, dans le