Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/350

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que sous la forme du rut ; ils l’éprouvent et le manifestent comme nos premiers parents, les ancêtres des cavernes et des huttes lacustres, se ruant sur les femelles après s’être battus pour leur possession. Seulement, ils aiment la terre, c’est leur joie, leur force, leur vertu, leur vie aussi, cette terre, mère souvent marâtre, fille fréquemment ingrate ; le jour où ils ne l’aimeraient plus et des craintes à notre époque peuvent être conçues à cet égard, le jour où ils abandonneraient cette terre, qui est pour eux à la fois la mère, l’enfant, l’épouse et la maîtresse, le jour de misère et de désastre arrivé, où ils la laisseraient s’épuiser dans une stérilité prolongée, c’est alors qu’il faudrait maudire le paysan, et le traiter en être méprisable et odieux. Jusque-là il convient de l’admirer, de le plaindre aussi. Ses vices ne nuisent guère qu’à lui, et ses mâles vertus profitent à tous. Ce n’est pas le paysan qui a décrété la République, mais c’est grâce à lui qu’elle a pu durer. L’avenir socialiste, qui s’ouvre devant nous, ce sera l’œuvre pacifique, et la récompense légitime aussi, des hommes de la terre. Le roman de la Terre eut une répercussion inattendue dans le monde littéraire. Des jeunes gens, alors débutants, et dont les noms sont devenus connus : J.-H. Rosny, Lucien Descaves, Paul Margueritte, Gustave Guiches, sous la conduite de Paul Bonnetain, alors rédacteur assez important au Figaro, lancèrent dans ce journal une singulière excommunication de Zola. Paul Bonnetain, l’auteur de Charlot s’amuse, reprochant à l’auteur de Germinal sa « Mouquette », c’était bouffon et cynique. Bonnetain est mort, fonctionnaire à la Côte d’Ivoire, mais les quatre autres membres de cette congrégation de l’Index vivent encore ; ils ont acquis, les uns du talent, les autres de la renommée.