Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/365

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difficile de faire constater, par les personnages nécessaires au dénouement, les péripéties d’un assassinat, dans les romans-feuilletons. L’essentiel est que l’effet d’horreur cherché ait été trouvé. Il l’a été. Ici, comme dans les scènes subséquentes de l’enquête judiciaire, Zola s’est révélé, en ce genre pour lui nouveau, expert. À l’action criminelle, se juxtaposent un drame passionnel et une sorte de synthèse psychologique des théories de Cesare Lombroso, sur l’ « Uomo deliquente », l’homme criminel, la bête humaine, le sauvage primitif, l’anthropoïde cultivé, le quadrupède redressé. Roubaud échappe à la justice. On soupçonne un carrier nommé Cabuche, être inquiétant d’allures, bouc-émissaire des crimes mystérieux dans la contrée, une ressource pour la justice dans l’embarras. Mais quelqu’un peut témoigner de la vérité, Jacques, l’homme qui a vu. Roubaud devient l’ami de Jacques. Il ne peut se séparer de lui. Il en fait son commensal, son intime, et lui jette sa femme dans les bras. En même temps, une sorte de démon de la perversité le pousse à fréquenter le commissaire de police. Le souvenir de Raskolnikof de Crime et Châtiment se dresse ici. Zola, toutefois, n’a pas cru devoir pousser, aussi loin que le romancier russe, cet irrésistible besoin du coupable de se rapprocher de ceux qui peuvent surprendre et punir son crime. Dostoïewsky a tiré de puissants effets de cette poussée folle et nuisible de la conscience. Zola n’a fait que l’indiquer. En revanche, il a développé largement les amours de Séverine et de Jacques. Un fou, un monstre, ce Jacques. Plus terrible que ce maniaque, jugé il y a quelques années, qui s’amusait à piquer les jolies passantes avec un stylet, ou que le bijoutier, dont les plaisirs amoureux consistaient à transformer