Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/37

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désertion, si le lieutenant donnait, préalablement, sa démission. Mais comme il ne se décidait pas à abandonner l’épaulette, le couple Fischer, sans lui, s’embarqua. Désespéré, François Zola voulut se jeter à la mer. On aperçut ses vêtements épars sur le rivage, on courut après lui et on l’empêcha de réaliser son tragique projet. Quelques mots, dans son trouble, lui échappèrent, sur la disparition du ménage Fischer. Des soupçons s’éveillèrent. On rejoignit le couple suspect, à bord du bateau, où déjà se trouvaient embarqués les bagages. On fouilla les malles, et, dans l’une d’elles, on découvrit une somme de quatre mille francs dont les Fischer durent expliquer la provenance. Ce qu’ils firent, non sans hésitation. Une lettre du duc de Rovigo, adressée au ministre de la Guerre, pour tenir lieu de rapport sur cette affaire, explique très nettement la situation alors révélée : … On visita le bâtiment sur lequel étaient Fischer et sa femme. On découvrit une somme de quatre mille francs dans une de leurs malles. Ils prétendirent d’abord qu’elle leur appartenait, puis ils avouèrent que 1.500 francs y avaient été déposés par François Zola. Ils furent débarqués et conduits en prison… Les accusations portées par le colonel Combe contre son subordonné, et publiées par le Petit Journal, perdaient donc ainsi beaucoup de leur gravité. Émile Zola, après avoir compulsé le dossier de son père, au ministère de la Guerre, constata que plusieurs pièces, indiquées comme cotées, et sans doute importantes pour la défense, pouvant atténuer ou même anéantir la culpabilité présumée, manquaient, tandis que toutes celles pouvant servir à l’accusation avaient été laissées. Une mention, sur le bordereau, indiquait que « huit pièces, jointes à la lettre du colonel Combe, devaient être restées