Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/38

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au bureau de la justice militaire » . Cette mention, sur la chemise du bordereau, était de la main de M. Hennet, archiviste. Une autre mention, d’une autre main et au crayon, était ainsi libellée : « Il n’existe pas de dossier au bureau de la justice militaire. On s’en est assuré. » On avait donc compulsé, vérifié, et, qui sait ? expurgé le dossier. Émile Zola, qui fit, dans l’Aurore, une vigoureuse défense de la mémoire de son père, concluait de cette annotation que le dossier avait été fouillé et travaillé. Il protesta contre la publication de ce dossier incomplet. Il reprocha, en même temps, au Petit Journal d’avoir donné la lettre accusatrice du colonel Combe, tronquée, sans le passage suivant, à dessein sauté : Le sieur Fischer (le mari), portait le document original, s’est offert à acquitter, pour François Zola, le montant des dettes au paiement desquelles les 4.000 francs saisis dans la malle ne suffiraient pas. Cette offre acceptée, tous les créanciers ont pu être payés et le conseil d’administration a été couvert du déficit existant en magasin. Pourquoi, en mettant sous les yeux du public la lettre du colonel Combe parlant du déficit constaté dans la caisse du magasin, a-t-on supprimé cette phrase si importante ? Elle explique nettement la situation : Fischer, assurément d’accord avec sa femme, avait emporté, en s’embarquant, l’argent de François Zola, l’argent de la caisse du magasin d’habillement. L’officier, sans volonté, tout désemparé, étant amoureux et voyant s’éloigner pour toujours sa maîtresse, avait eu, un instant, l’intention coupable d’abandonner son régiment, de déserter, pour suivre celle qui l’aimait. Ces entraînements sont fréquents et ces coups de folie, s’ils sont condamnables,