Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/371

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troupes inutiles ou fâcheux, les marches sans but, les contre-marches sans raisons, et aussi la lenteur des premières opérations. Le Français est combattant d’avant-garde. L’offensive est sa meilleure tactique. Il se bat vaillamment sur son territoire, mais alors il ne compte plus sur la victoire. C’est sur le sol ennemi qu’il reprend tous ses avantages. Il nous était facile, au lendemain de la parade de Sarrebrück, de franchir la frontière et de porter la guerre en Allemagne. Pourquoi s’est-on arrêté, et quelle raison stratégique raisonnable donner de cette halte, l’arme au pied, qui a émasculé les courages, désorganisé les armées, et permis à l’ennemi de rassembler toutes ses forces, puis d’envelopper nos troupes, moins nombreuses ? On croit savoir qu’une illusion diplomatique dicta cet atermoiement, qui fut mortel. On comptait, dans les conseils du gouvernement, sur une intervention de l’Autriche, désireuse de prendre sa revanche de Sadowa, et aussi sur une alliance de l’Italie, acquittant la dette de reconnaissance de 1859. L’Autriche, affaiblie et craintive, se soumettant à l’abaissement que Richelieu et Napoléon avaient tant poursuivi, que Bismarck avait pu réaliser, se soumit à la Prusse, ne bougea pas. L’Italie se rangea du côté qu’elle devinait devoir être le plus fort. Victor-Emmanuel, notre ami de Magenta, le caporal de grenadiers de Palestro, apprenant la défaite de Wissembourg, au spectacle, dit à sa maîtresse, la belle marquise : « Je l’ai échappé belle ! j’allais envoyer cent mille hommes à Napoléon ! » La France demeura seule, et elle avait perdu un temps inestimable à attendre le secours italien, à hésiter à envahir l’Allemagne par le sud, de peur de jeter l’empereur d’Autriche dans les bras de son bon frère Guillaume. Il y était déjà. Zola a indiqué tout cela. La Débâcle a fourni le maximum