Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/372

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de vérité qu’on peut connaître et divulguer, à une époque contemporaine. Il existe toute une légende sur la guerre de 1870. Zola très nettement en a dissipé, en partie, les brumes. Ainsi, c’est un lieu commun que de prétendre que nous ayons succombé sous l’amas du nombre. Ceci est un préjugé militaire. Les énormes armées n’ont jamais la victoire assurée. Les foules militaires, terribles dans le succès, sont lamentables lors de la défaite. Elles sont surtout disposées aux formidables paniques. Ce sont les petites armées, qui ont presque toujours remporté les grandes victoires, et auxquelles la retraite est aisée et le retour offensif possible. Les généraux, a-t-on dit aussi, étaient jaloux les uns des autres, vieillis, ramollis, incapables. Est-ce que les vainqueurs étaient dans une posture meilleure ? Le major général de Moltke était-il un jouvenceau ? croit-on que ces feld-maréchaux, ces généraux, ces colonels de l’armée allemande furent tous des héros robustes, intelligents, des troupiers indomptables ? Recrutés exclusivement dans la noblesse, devant leurs grades et leurs parchemins à la naissance, à la fortune plutôt qu’au mérite et à l’étude, pas très instruits, sauf quelques-uns, tous prétentieux, arrogants, présomptueux et mondains, ils n’avaient aucune supériorité indiquée, et l’on devait les supposer moins exercés que nos officiers, qui avaient fait leurs preuves en Afrique, en Crimée, en Italie, en Chine, au Mexique. Et puis, est-ce que les généraux de la Révolution étaient tous des stratégistes et des tacticiens de premier ordre ? Pas un général de la République, excepté Bonaparte, n’était de taille à lutter, sur l’échiquier des batailles, avec l’archiduc Charles, le plus grand homme de guerre de son temps. Nos chefs improvisés, d’anciens sergents