Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/396

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faire escorter ses premiers rôles par des utilités, telles qu’on les rencontre forcément sur les planches de la société. S’il avait besoin d’un avoué, il prenait Derville ou Desroches ; ses banquiers étaient invariablement Nucingen ou du Tillet ; lui fallait-il un club d’élégants jeunes hommes, il faisait signe à de Marsay, à Maxime de Trailles, à Félix ou à Charles de Vandenesse ; la presse intervenait avec Andoche Finot ; Lousteau, Émile Blondet ; la littérature était représentée par d’Arthez, Nathan, Claude Vignon, Camille Maupin. Tout un personnel social obéissait ainsi à la pensée du maître pour les besoins de l’optique du livre. Mais de ces êtres fictifs, passant et repassant dans l’œuvre, c’était le caractère professionnel, la fonction, le rouage social qui était requis et montré principalement. Zola, avec ses Rougon-Macquart, a voulu autre chose : c’est le type humain, avec ses différences provenant du milieu et du caractère physiologique, c’est le tempérament et la constitution physique, les vertus et les vices, les tares et les dégénérescences de certains représentants de l’humanité, dans une période d’années allant du coup d’État de 1851, origine de la fortune des Rougon, à la débâcle de 1870-71, chute de l’empire et époque de la naissance du dernier rejeton de la famille, « enfant inconnu, le Messie de demain peut-être », qu’il a promenés à travers ces vingt volumes d’aventures individuelles et de tableaux collectifs. Il a relié entre eux tous les héros de ses livres pour prouver que, s’ils étaient tels qu’il nous les décrivait, cela provenait de ce fait accidentel, que leur aïeule, Adélaïde Fouque, mariée à Pierre Rougon, puis devenue maîtresse de « ce gueux de Macquart », était atteinte d’aliénation mentale. On ne voit pas bien l’intérêt que cette consanguinité