Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/407

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’auteur de l’Assommoir, de Germinal, de Nana et de la Débâcle devait s’en emparer, et en donner la vision saisissante et colorée. Il trouvait un nouveau champ d’observation fécond dans ce laboratoire de prodiges en plein vent, qui fonctionne au centre du vaste entonnoir pyrénéen, avec la grotte qui flamboie, la piscine qui gargouille, la foule qui geint, prie, se bouscule, s’émeut, chante des cantiques et pousse vers le ciel une clameur effrayante de supplication : Parce, Domine ! tandis que le Gave, au bas du chemin enrubannant la basilique triomphale, roule son écume retentissante sur le diamant noir des roches polies, avec, au-dessus, la pureté de l’air bleu, où les cierges tremblotants versent leurs larmes jaunes. Rome est inférieure à Lourdes. Ce n’est pas le meilleur ouvrage de Zola, ce gros tome de 731 pages serrées, amalgame d’un guide genre Baedeker, d’un traité de christianisme libéral, et d’un noir roman, à la façon d’Eugène Sue. C’est une ville morte que la Rome moderne ; malgré son souffle puissant, Zola n’a pu la ranimer. La gloire légendaire de l’ancienne capitale du monde l’attirait. Il est probable qu’il a éprouvé une désillusion vive, quand, depuis, il l’a parcourue, sondée, examinée avec la loupe prodigieuse de son œil de myope. Cette déconvenue se sent, se devine dans ce livre, malgré l’habileté de l’auteur, et l’aisance avec laquelle il promène son personnage, l’abbé Froment, par tous les quartiers de la Rome antique, papale et moderne. Le procédé, renouvelé de la Notre-Dame de Paris de