Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/480

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artificielle. Le pouls de Mme Zola était perceptible. Zola, lui, demeurait inerte. On ne put, malgré ces soins, que constater la mort du grand romancier. Après trois heures de secours, Mme Zola reprit connaissance. On la transporta dans une maison de santé, à Neuilly, chez le docteur Defant. Elle se rétablit assez promptement. L’enquête à laquelle il fut procédé par le commissaire de police du quartier Saint-Georges, puis par le docteur Vibert, médecin légiste, et l’analyse du sang, faite par M. Girard, expert-chimiste du Laboratoire municipal, permirent d’attribuer la mort à un empoisonnement par l’oxyde de carbone. On apprit bientôt, de la bouche même de Mme Zola, quelques particularités sur la nuit au cours de laquelle s’était produite la catastrophe. Zola, se sentant indisposé, sous l’oppression de l’asphyxie, s’était levé vers trois heures du matin, cherchant de l’air, voulant probablement ouvrir la fenêtre. Il était déjà étourdi par les gaz délétères. Il a dû glisser, vacillant, sans forces, puis il est tombé sur le tapis, au pied du lit. L’oxyde de carbone était accumulé dans les parties basses de la pièce. Zola ne put se relever, sa femme, restée sur le lit, au-dessus de la couche d’air vicié, a échappé à l’asphyxie totale. Dans le premier moment de la stupeur générale, on crut à un drame intime, à un suicide. Il pouvait s’être produit des querelles domestiques, ayant exaspéré ou désespéré les deux époux. Peut-être avaient-ils pris, disait-on, la sinistre résolution de périr ensemble ? D’autres prétendaient que Zola était découragé, annihilé par les batailles subies, et par les suites, désastreuses pour lui, de l’affaire Dreyfus. Enfin, on insinuait qu’il était inquiet pour l’avenir, qu’il voyait diminuer la vente de