Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/481

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ses ouvrages, et qu’il se trouvait sur le point de connaître la gêne. Il était dans la nécessité de restreindre son train de vie, de chercher de nouveaux travaux productifs, et le dégoût d’une existence tiraillée et amoindrie l’aurait poussé à envisager, comme une délivrance, la mort volontaire. Aucune de ces hypothèses ne se trouva vérifiée. Le rapport du commissaire de police Cornette avait donné quelque créance aux bruits de suicide : ce magistrat, mal renseigné, en procédant aux premières constatations, avait dit, dans son procès-verbal : Il n’y a pas de calorifère allumé, pas d’odeur de gaz. On croit à un empoisonnement accidentel par médicaments. Deux petits chiens, qui étaient dans la chambre, ne sont pas morts. L’enquête médico-légale et l’autopsie firent tomber ces suppositions, et la mort d’Émile Zola fut reconnue purement accidentelle, due à des émanations d’oxyde de carbone provenant, par suite de vices de construction, de la cheminée, où, dans la journée, pour combattre l’humidité de la chambre, le domestique avait fait du feu avec des « boulets » . La combustion lente de ces boulets sous la cendre a dû dégager, dans une cheminée en mauvais état, des gaz qui se sont accumulés et répandus par la chambre, la nuit venue, les fenêtres, comme les portes, étant closes. La mort absurde ayant fait son œuvre détestable, l’enquête close, les suppositions malveillantes arrêtées, on s’occupa des obsèques du grand écrivain. Elles furent civiles, imposantes et sans qu’aucun incident les troublât. Une compagnie du 28e de ligne, sous les ordres d’un capitaine, rendit les honneurs funèbres militaires, le défunt étant officier de la Légion d’honneur.