Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/489

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poèmes en prose. Heureusement pour la gloire et pour la sécurité des restes de l’immortel écrivain. Il est bon, pour la vraie et durable gloire de Zola, que ce ne soit pas seulement au défenseur de Dreyfus que les honneurs du Panthéon soient attribués. Assurément, il sera impossible que l’on oublie complètement la participation de l’auteur des Rougon-Macquart à la réhabilitation de ce condamné. Libre à ceux de nos descendants que l’Affaire intéressera encore, et ils seront de plus en plus clairsemés, des érudits, des curieux d’histoire, des fanatiques israélites et des militaires cléricaux, de continuer à glorifier ou à maudire Zola de son intervention et de son apostolat. La postérité se désintéressera de ces querelles, déjà moins enflammées, alors éteintes. Actuellement, ceux qui ont été les adversaires de Zola dans la bataille pour et contre l’innocence du capitaine, ceux qui n’ont été ni persuadés par les écrits de Zola, ni convaincus par les arrêts de la Cour de cassation, mais qui se sont inclinés devant les décisions de la justice, devant le doute même, résultant de tous ces longs débats, doute qui doit, juridiquement et humainement, profiter à l’accusé, peuvent, sans palinodie, comme sans faiblesse, rendre hommage au grand écrivain et approuver la translation de ses restes au Panthéon. Victor Hugo devient son voisin de sépulture glorieuse. Est-ce qu’il n’y a pas, dans ce voisinage, ce rapprochement des deux grands noms de l’histoire littéraire contemporaine, un enseignement et une éclatante affirmation ? Victor Hugo a-t-il récolté l’unanimité des acclamations, et, pour la totalité de son œuvre, ne saurait-on trouver des réserves ? N’y a-t-il pas des gens, logiques et sincères, qui, tout en admirant le poète, l’auteur dramatique, l’homme de lettres, blâment et maudissent le tribun, l’exilé, le