Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de son auteur, pouvait, un jour, obtenir des appuis dans la haute société aixoise, rencontrer même des protecteurs à Paris. Ceux qui avaient connu et apprécié le constructeur du canal, M. Thiers, par exemple, lui faciliteraient peut-être l’accès d’une carrière. Encore fallait-il que le futur candidat se présentât avec le bagage de savoir obligatoire. Le fils de François Zola ne devait pas demeurer dans l’état fruste d’un berger de la Camargue. Il convenait donc de conduire Émile au collège. Les études classiques, débutant par « rosa, la rose », et aboutissant aux Conciones, aux dissertations françaises, avec le baccalauréat à passer, c’était la filière nécessaire et régulière de tous les fils de la bourgeoisie. Ici, on ne suivait plus du tout les préceptes d’éducation de Rousseau. L’Émile du philosophe apprenait l’état de menuisier, ce qui, d’ailleurs, à la veille de la Révolution, était plus prudent que de se façonner au métier, bientôt inutile et périlleux, de gentilhomme de la Chambre. Les deux femmes voulurent donc préparer le petit Émile à devenir, non pas un homme de lettres, grands dieux ! mais un avocat, un médecin, ou tout au moins un bureaucrate. Qui pouvait savoir ? Le diplôme mène à tout. Le parchemin de bachelier, c’est la pièce héraldique moderne, sans laquelle on ne saurait se présenter, avec chance de succès, dans la lice où se disputent les places et les honneurs. Comme autrefois la noblesse, le titre universitaire donne accès aux grades et aux emplois. Émile bachelier pourrait bien devenir, un jour, sous-préfet ! Les songes ambitieux des deux femmes furent réalisés, dépassés, mais autrement. Émile Zola, cependant, ne put être reçu bachelier, et ne fut que quelques heures sous-préfet.