Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le fondateur de la dynastie carlovingienne, bien avant l’avènement des Valois. Il ne connaissait ni les Capitulaires, ni les Annales d’Eginhard. Il ne trouva rien à dire d’intéressant, ou même de juste ou de banal sur le grand homme féodal, à qui Auguste Comte faisait une place dans son calendrier positiviste, comme à un des maîtres de la civilisation européenne. On eût interrogé le jeune homme sur Napoléon, ou sur Louis-Philippe, son contemporain, qu’il eût probablement fait preuve de la même insoucieuse ignorance. Il aurait dû prendre sa revanche, atténuer ses boules noires pour l’histoire et les langues vivantes, sur le terrain littéraire. La Fontaine fut le sujet de l’interrogation. Ici, le candidat ne demeura pas bouche bée. Il répondit. Il avait sans doute lu Taine, et il savait peut-être l’appréciation de Rousseau sur la moralité des Fables de La Fontaine, et sur la sottise qu’il y avait à donner aux enfants, comme premier livre, comme alphabet intellectuel, ce profond et subtil auteur, qu’on s’obstinait à traiter en naïf et à qualifier de bonhomme (l’anarchiste, qui avait osé dire sous Louis XIV : notre ennemi c’est notre maître, un bonhomme ! ). Il est probable que les explications du futur auteur de la Terre sur le génie et la philosophie de l’homme qui faisait parler les bêtes, et qui se moquait, aux temps de la Bastille et de l’œil-de-Bœuf, des grenouilles qui demandaient un roi, ne furent pas très orthodoxes. L’examinateur donna la fâcheuse boule noire, qui, finalement, l’emporta. L’élève Zola fut donc ajourné. Pour se remettre de cet insuccès, Émile s’en fut passer ses vacances dans le Midi. Il revit sa chère Provence et ses bons camarades. Fut-ce le désir de prolonger son séjour aux bords de la Torse, et dans le voisinage de la