Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/69

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latine », barbarismes, solécismes et contre-sens, tandis qu’à l’oral, il est possible de se rattraper et d’effacer la mauvaise réponse, sur une question, par une satisfaisante énonciation sur une interrogation du même ordre. On peut également balancer les boules noires, données par un examinateur, mal satisfait, avec les blanches obtenues d’un autre, plus content ou moins sévère. Admis à l’écrit, l’examen oral devait être facile au candidat, selon toutes prévisions. Zola répondit fort bien pour la partie scientifique ; en mathématiques, physique, chimie, histoire naturelle, même en algèbre, il ne récolta que des « blanches » . Le diplôme semblait acquis. Restaient les matières suivantes : histoire, langues vivantes, littérature. Pour un garçon aux vastes lectures, connaissant les poètes, les philosophes, toute la littérature classique française, les réponses sur ces sujets familiers devaient être aisées, justes, et même un peu supérieures à celles de la plupart des autres candidats. Pour les langues vivantes, on devait choisir entre l’anglais et l’allemand. Zola ne put pas déchiffrer le texte de Schiller qui lui fut présenté, et il semblait même n’avoir jamais eu sous les yeux l’alphabet gothique. Il devait s’attendre à la boule noire, qui lui fut colloquée. L’histoire n’était pas non plus son fort, au rhétoricien déjà vétéran, et il parut visiblement brouillé avec les dates. Questionné sur Charlemagne et sur la fin de son règne glorieux, il fit mourir le grand empereur à la barbe fleurie au commencement du XVIe siècle. C’était pure inadvertance, car, au moins par la Légende des Siècles de Victor Hugo, il était à même de situer chronologiquement