Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/10

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deux assauts. Ce fut sans doute une illusion, cette préoccupation d’administrer, et ce souci de gouverner nous apparaît comme une chimère. Mais l’illusion était inévitable, et la chimère ne devait pas être visible pour les contemporains.

Le gouvernement de la Commune dut s’occuper des Affaires étrangères, et son délégué à l’Extérieur eut à échanger des notes, des dépêches avec les puissances, principalement avec l’Allemagne. Ce gouvernement rendit aussi des décrets s’appliquant à des mesures générales, comme la Séparation des Églises et de l’État. L’extension de l’action purement communale était une nécessité de la situation. La Commune ne se considérait plus comme un pouvoir provisoire, comme une force insurrectionnelle ayant dirigé la bataille des rues, prêt seulement à la reprendre et à la continuer jusqu’à la victoire finale. Ce rôle avait été celui du Comité Central. Le sien devait consister à organiser les bataillons de gardes nationaux qui avaient combattu au 18 mars, à les lancer contre les régiments versaillais, à battre ceux-ci, à les disperser avec l’Assemblée nationale, et à permettre au pouvoir que le suffrage universel établirait de s’installer, de légiférer, de gouverner.

La Commune reçut l’investiture dans ces conditions difficiles. Malheureusement, comme le Comité Central n’avait rempli que la moitié de sa mission, et n’avait pu remettre au pouvoir communal la cité exempte de la nécessité de combattre encore, il fallait que la Commune se montrât d’abord attachée à la défense, par les armes, de son existence et de sa ville. Mais cette période guerrière pouvait être envisagée par tous comme transitoire. Un accord, ou la victoire