Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/11

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complète, devaient terminer l’époque des combats et faire place à celle des réformes politiques, administratives et sociales à décréter, à réaliser, ou tout au moins à préparer. En attendant ces temps de calmes travaux, la Commune ne pouvait abandonner à elles-mêmes la cité, la population, comme au cours d’un cataclysme. Elle devait, jusqu’à la paix, jusqu’à la victoire, ne pas permettre au désordre, à l’anarchie, à la désorganisation de s’établir dans la ville. La Commune fit donc les plus louables efforts pour maintenir les services publics dont Paris ne pouvait se passer. Elle voulut gouverner, — et elle fut en effet un Gouvernement, bon ou mauvais ? Les deux peut-être. Il serait téméraire et injuste de rendre un verdict absolu et général. Gouvernement instable, éphémère, sans doute, dont les membres, en se couchant le soir, n’étaient pas assurés de se retrouver le lendemain à leur réveil ayant l’Hôtel-de-Ville à leur disposition ; un gouvernement dont bien des actes furent insuffisants, inutiles ou fâcheux, dont le personnel, novice, souvent incapable ou désordonné, fut rarement à la hauteur de sa tâche, mais gouvernement quand même, ayant le souci de conserver à Paris, en ne perdant pas de vue la France, l’ensemble des services publics, dont a besoin pour vivre, durer et prospérer une société organisée.

Avec les délibérations et les décrets de la Commune, dans l’espace qui va de la fin de mars, installation à l’Hôtel-de-Ville, à la fin d’avril, création du Comité de Salut Public, et dont le plus important décret, celui des Otages, fait l’objet d’un examen détaillé, un coup d’œil est jeté sur Versailles et les séances de l’Assemblée : la plus intéressante est la séance où, dans la discussion de la loi municipale,