Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/103

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gouverneur consentit enfin à accepter le concours des communards. Ceci montre que la situation était grave. On distribua des fusils, et une colonne fut formée, dont Amouroux reçut le commandement. Les anciens combattants de Neuilly, d’Issy et des rues de Paris montrèrent ce qu’ils valaient comme soldats, et bientôt la colonne d’Amouroux contraignit les Canaques à se rendre. Après avoir pourchassé les dernières bandes dans la brousse, Amouroux s’empara de leur chef, Ataï, qui fut décapité. La révolte comprimée, les déportés rendirent leurs armes, et reprirent leur existence captive. Quelques douceurs de régime et une certaine sympathie de la part des marins furent le résultat de cette vaillante et heureuse intervention des combattants de la Commune. Ce fait si honorable, peu connu, méritait d’être rapporté ici.

À l’amnistie, Amouroux revint en France et reprit bientôt sa place parmi les républicains militants. Il fut nommé député par les électeurs de Saint-Étienne. Il ne siégea pas longtemps, car sa santé, attaquée par les fatigues et les misères de la transportation, déclina rapidement. Il succomba à une affection pulmonaire. À ses obsèques, qui eurent lieu avenue de Saint-Mandé, une foule considérable, parmi laquelle se trouvaient des hommes politiques, autrefois adversaires d’Amouroux, comme M. Clémenceau, suivit le cercueil, sur lequel avait été placée l’écharpe tricolore. Tous les partis s’inclinaient devant la dépouille de ce membre de la Commune, qui avait été un républicain convaincu, un défenseur et un ami des travailleurs, leur représentant dévoué et actif à la Chambre, et qui s’était montré aussi, au delà des mers, un vaillant français lorsqu’il s’était agi de défendre le drapeau de la patrie, et de préserver la vie de ses compatriotes menacés par un soulèvement d’insulaires redoutables.