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APAISEMENT DE LYON

La majorité de la population lyonnaise, malgré d’ardents sentiments républicains, désapprouvait visiblement un mouvement analogue à celui de Paris. Les conditions morales et matérielles des deux villes étaient dissemblables. Lyon ne fut pas provoqué par M. Thiers, et les causes d’irritation provenant de la capitulation, des échéances et des loyers, n’existaient pas dans la population. La cité lyonnaise jouissait, depuis le 4 septembre, des franchises communales longtemps réclamées, et, pour le moment, elle semblait ne point désirer davantage. Si les sympathies de certains groupes se manifestaient dans un sens favorable à une adhésion à l’insurrection du 18 Mars, les hommes les plus en vue de l’agglomération considéraient comme impossible et dangereux un concours effectif à donner aux insurgés parisiens, et ils refusaient d’accepter l’autorité de la commission, qui, un instant, avait siégé à l’Hôtel-de-Ville, comme conseil communal provisoire. L’envoi à Lyon des délégués du Comité Central parisien n’avait pas changé ces sentiments. Amouroux, malgré sa faconde d’orateur de réunions publiques, n’était pas de taille à prendre la direction d’un mouvement lyonnais ou à donner une vigoureuse impulsion révolutionnaire aux groupes indécis. Il était fort jeune, peu au courant de la politique et des aspirations régionales. Il ne connaissait pas Lyon, et son nom, ses antécédents républicains étaient inconnus aux lyonnais. Sa présence n’était donc pas de nature à impressionner, ni même à inspirer la confiance. On s’étonnait de le voir parler au nom de Paris, et la méfiance qu’inspirait l’absence de personnalités connues dans le gouvernement insurrectionnel de la capitale n’était point dissipée par la délégation à Lyon d’envoyés aussi dépourvus de notoriété. L’obscurité des noms du