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discrets de la rue Grôlée, du temple Sainte-Élisabeth. Lyon ne se souciait nullement, après le 30 avril, de porter à Paris un secours que ses délégués, à leur retour de Versailles, avaient déclaré être inutile et dangereux. La Commune de Paris était donc abandonnée à son isolement, à l’heure où le triomphe de la réaction furieuse devenait de plus en plus prochain et inévitable. Peut-être, par la suite, sous le proconsul Ducros, les lyonnais républicains eurent-ils quelques regrets de l’échec à la Guillotière de ceux qui proposaient de proclamer la Commune et de la soutenir dans le midi, puisque la jonction avec Paris semblait périlleuse, impossible même. Si cet événement s’était réalisé, Lyon fût devenue la capitale de la révolution de toute la France méridionale ; mais ce rôle considérable, et qui pouvait changer l’avenir de notre pays, n’était pas dans la destinée de cette cité laborieuse et raisonnable, ni dans les idées de sa population ouvrière, encore moins dans les désirs de sa bourgeoisie, probe, hautaine et circonspecte.

§ II. — La Commune à Toulouse

MANIFESTATIONS DEVANT LA PRÉFECTURE

Toulouse, la gracieuse reine féodale du Midi, la ville des jeux Floraux, des ténors irrésistibles, des étudiants fringants, où, les jours d’été, en sémillantes ribambelles, de sveltes jeunes filles parcourent lentement, avec des ondulantes nonchalances, les allées Lafayette, au bruit confus des orchestres tapageant dans les cafés grands ouverts, et des oiseaux s’égosillant parmi les branches, Toulouse, cité poétique, docte et galante, est aussi ruche laborieuse.

Elle arme pour les luttes du travail tout un vaillant con-