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tingent, les solides et actifs compagnons de son faubourg Saint-Cyprien. De ce quartier fumeux, que souvent visite et ravage la Garonne débordée, monte, basse grondante, la voix grave des forces motrices, le rauque halètement des machines, le rythme des métiers, accompagnant le chant allègre des travailleurs. Toute une population ardente et remuante, aux frémissements fréquents et subits, prompte à l’enthousiasme, à la colère rapide aussi, s’agite aux souffles venus de l’extérieur dans ce quartier séparé de la ville par la rivière. Là bouillonne le flot démocratique, prêt à se répandre, comme la Garonne en fureur, sur l’autre rive élégante, aristocratique et joyeuse.

Les nouvelles brèves et peu claires arrivées le 18 mars, avaient été accueillies, sur la place du Capitole et au faubourg Saint-Cyprien, par les cris de : « Vive Paris ! Vive la Commune ! » Les clubs organisèrent aussitôt des manifestations, et des gardes nationaux, sans convocation ni appel, se rassemblèrent en groupes tumultueux. Cette foule fit une démonstration devant la préfecture pour obtenir du préfet qu’il se prononçât en faveur de la Commune.

LES HESITATIONS DE DUPORTAL

Le préfet était Armand Duportal, un vieux journaliste républicain, ancien transporté de 1852[1], favorable assu-

  1. Pierre-Jean-Louis-Armand Duportal, né à Toulouse, le 17 février 1814, journaliste. Il avait débuté jeune dans les journaux toulousains avances. Il dirige l’Emancipation en 1848. Est condamné à la transportation après le coup de décembre. Rentre en France, il trouve un emploi aux chemins de fer du Midi, s’occupe de travaux miniers fonde à nouveau l’Emancipation en 1868, et en fait l’organe important du parti radical dans le Midi. Plusieurs fois condamné, il était détenu à Sainte-Pélagie, à Paris, au 4 septembre. Mis en liberté, le gouvernement de la défense nationale l’envoya préfet à Toulouse. Remplacé par M. de Kératry le 26 mars 1871, il reprit la plume du journaliste. Élu députée par la Haute Garonne en 1871, il siégea a l’extrême gauche. Il