Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/122

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rément au mouvement parisien, mais ayant l’expérience des soulèvements populaires et redoutant leur brusque avortement. Duportal ne s’aventura qu’à demi. Il était retenu, dans ses élans vers les révolutionnaires de Paris, par l’incertitude de l’appui sérieux et durable qu’ils pourraient rencontrer dans la population toulousaine. Il était influencé aussi sans doute, tout en étant l’adversaire de Versailles et de l’Assemblée, par ce fait qu’il avait été nommé préfet par M. Thiers, et surtout cette réflexion l’arrêtait, l’inquiétait, que ses meilleurs amis de l’extrême gauche ne figuraient pas parmi ceux qui paraissaient diriger l’insurrection parisienne. Aussi hésita-t-il longuement à répondre affirmativement aux gardes nationaux qui lui demandaient son adhésion à la Commune. M. Thiers, informé de l’attitude de son préfet, qu’il ne jugea point suffisamment acquis à sa politique et qu’il estima dangereux peut-être, lui donna immédiatement un successeur : M. de Kératry. Ce personnage, suffisamment aventureux et ondoyant, avait été un instant préfet de police et passait pour un homme de main. Né à Paris en 1832, engagé aux chasseurs d’Afrique, il avait fait la campagne du Mexique et commandé un escadron de la contre-guerilla du terrible colo-

    entra comme rédacteur en chef à la Marseillaise, et soutint une polémique fort vive contre l’opportunisme. Un certain Chartier, informateur politique, livra aux amis de Gambetta une lettre écrite au gouvernement impérial par Duportal, alors qu’il subissait la déportation, et dans laquelle il demandait une place, sollicitant un emploi de bibliothécaire. Duportal dut donner sa démission de rédacteur en chef de la Marseillaise, et, bien que le parti républicain ne lui tint pas grande rigueur de cette faiblesse de jeunesse, il considéra sa carrière politique comme finie. Découragé, sans grandes ressources, de plus vieilli et malade, il mourut peu de temps après. C’était un ardent républicain, un journaliste de talent et un parfait honnête homme, peut-être pourvu d’un excès d’exubérance méridionale. Il s’emballa contre le chef de l’opportunisme, avec plus de passion que de prudence, et le groupe gambettiste lui fit durement expier cette incartade. La campagne contre Duportal, dirigée par M. Joseph Reinach, a conservé le nom de « politique des petits papiers ». C’est le pendant de la politique des fiches.