Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

club de la rue de la Vierge, l’Alliance républicaine, se rendit auprès du maire Boudarel, réclamant la démission du conseil municipal et la convocation des électeurs pour proclamer la Commune. Le conseil passa à l’ordre du jour, faisant observer que les nouvelles venues de Paris et de Lyon étaient confuses, et qu’avant d’adhérer au mouvement signalé il fallait être renseigné. La préfecture, le nouveau préfet n’étant pas arrivé, était gérée par M. Alphonse Morellet. Le préfet intérimaire fit un appel à la conciliation. Une réunion publique eut lieu le soir, au Prado, où fut réclamée de nouveau la démission du conseil municipal.

Le lendemain, les délégations, appuyées par de nombreux gardes nationaux, se présentèrent, plus impérieuses, plus bruyantes. M. Morellet fit fermer les grilles de la préfecture. On expulsa ceux qui voulaient envahir. La foule alors se porta à l’Hôtel-de-Ville, dont les portes lui furent ouvertes par la compagnie de gardes nationaux venue pour prendre la garde. Le colonel de la garde nationale, Lagrille, qui tentait de s’opposer au mouvement, fut bousculé, arrêté.

Le préfet intérimaire cerné dans l’Hôtel-de-Ville, dont la foule emplissait les couloirs, gardait les issues, informé de la présence du nouveau préfet dans le voisinage, l’avertit du danger où il se trouvait, le suppliant d’intervenir au plus vite.

Le nouveau préfet, M. H. de l’Espée, arrivait au moment où le conseil municipal était resté en permanence ; le préfet intérimaire était parvenu à faire évacuer l’Hôtel-de-Ville, en proposant à la population de décider le lendemain, par un plébiscite, si l’on devait proclamer la Commune.

Le préfet repoussa énergiquement la proposition d’un plébiscite et se disposa à agir. Saint-Étienne n’avait comme garnison que le dépôt d’un régiment de ligne, 150 hommes