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républicains confondus, avec intention, dans une implacable répression.

§ IV. — La Commune à Narbonne

DIGEON PROCLAME LA COMMUNE

Le département de l’Aude était fort ardent. À la nouvelle de la révolution accomplie à Paris, Narbonne se souleva. Un républicain très populaire à Carcassonne et dans tout le Midi, Digeon, homme résolu, qui, avec son ami Marcou, maire de Carcassonne, avait fait de l’agitation pendant la guerre et organisé la Ligue du Midi, proclama la Commune, le 24 mars, après s’être emparé de l’Hôtel-de-Ville. Le maire, Coural, était absent. L’adjoint résista, et, rassemblant les gardes nationaux qu’il supposait fidèles, essaya de reprendre l’Hôtel-de-Ville. Mais ces compagnies ne cherchèrent pas à lutter. Elles furent désarmées facilement. Ceux de ces gardes, hostiles à la Commune, qui étaient disposés à résister gardèrent leurs armes, qu’on n’osa pas leur enlever, et se réfugièrent à l’Arsenal. De là, l’adjoint Raynal essaya de reprendre l’offensive avec une compagnie du 52e de ligne, et tenta une nouvelle attaque sur l’Hôtel-de-Ville. Il tomba entre les mains de Digeon qui le garda avec deux officiers, comme otages. Ces prisonniers furent encadrés dans le bataillon à la tête duquel se trouvait Digeon, et, ainsi exposés au feu de leurs amis, ils furent entrainés par force, à l’assaut de la préfecture, que Digeon occupa bientôt. Les gardes nationaux de l’ordre, sous le prétexte qu’il se trouvait de leurs amis dans les rangs des insurgés, ne tirèrent pas. L’Arsenal tomba de même au pou-