Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/138

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craignant sans doute les suites de ce tragique événement : La Commission aussitôt prit quelques mesures urgentes : elle fit occuper la gare, s’assura du télégraphe, et rédigea une proclamation portant l’en-tête « Commune de Saint-Étienne ». où elle convoquait les électeurs pour le 29.

Le lendemain, dimanche 26, la journée s’écoula calme et dans l’attente, de part et d’autre. Les conseillers municipaux évitèrent de se rendre à l’Hôtel-de-Ville. Le meurtre du préfet les avait atterrés. Le général attendait toujours des renforts pour agir.

Les délégués du Comité Central parisien, Amouroux en tête, revenus de Lyon, s’étaient mis en rapport avec la Commission exécutive prenant le nom de Commune, et cherchèrent à organiser une résistance, ce qui semblait de plus en plus difficile. Les gardes nationaux rentraient chez eux, et l’Hôtel-de-Ville ne contenait plus que quelques défenseurs, quand le général Lavoye vint se mettre en posture de l’attaquer avec des troupes amenées de Montbrison. Les insurgés demandèrent à déposer les armes, et, pour éviter l’effusion du sang, proposèrent de remettre l’Hôtel-de-Ville à l’autorité militaire, à condition qu’on les laisserait se retirer sans être inquiétés. Ce qui fut accordé, sauf recherches ultérieures, sous le prétexte de punir les assassins du préfet.

Ainsi s’éteignit l’insurrection à Saint-Étienne, à la flamme encore moins vive qu’à Lyon et Toulouse. Des poursuites assez nombreuses eurent lieu par la suite, à l’effet de rechercher les meurtriers de M. de l’Espée. Là encore on se trouvait en présence d’un crime collectif et de coupables anonymes, confondus dans une foule surexcitée et inconsciente. L’incertitude sur l’identité des vrais coupables permit à l’autorité de sévir au hasard, et à la réaction d’assouvir ses haines, de frapper, comme partout, d’excellents