Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ments révolutionnaires et les forces populaires turbulentes, que toute agglomération industrielle contient. Ces militants prompts à s’exalter et à s’armer, plus prompts encore à se lasser de la révolte et à déposer les armes, ne voyaient dans le mouvement parisien que l’aspect révolutionnaire et le caractère socialiste. Le reste leur échappait. Les populations de ces grandes villes n’avaient pas subi les horreurs et les ébranlements cérébraux du siège, ni la honte de la capitulation ; la colère parisienne les laissait froides. Elles redoutaient une Révolution qui ramènerait le désordre et la gêne, alors qu’on commençait à considérer avec satisfaction la reprise du travail, du commerce, des affaires normales et de la vie habituelle. Les grandes villes avaient presque toutes approuvé la paix, et le choix de leurs représentants à l’Assemblée nationale n’indiquait nullement des désirs de Révolution, des aspirations vers un bouleversement fondamental. Elles jouissaient de larges franchises municipales, et se tenaient pour satisfaites de la composition de leurs corps élus, se proclamant républicains. Elles admettaient que Paris réclamât un conseil municipal libre et maître des affaires de la cité, puisqu’il en était arbitrairement privé. Mais Lyon, Marseille, les autres cités, jouissaient de conseils municipaux indépendants. Pouvaient-elles faire mieux que souhaiter le même droit pour Paris ? Cela pouvait s’obtenir sans combats, sans révolution. La loi municipale refusant l’élection des maires aux villes importantes n’était pas encore votée, ni même proposée, quand des délégués inconnus venaient de Paris leur demander de se joindre à la capitale insurgée et les exhortant à faire même cause avec elle. Ces émissaires ne pouvaient entraîner personne. Les idées, les aspirations, les revendications de Paris ne pouvaient être celles des départements. Il y avait séparation d’intérêts. La Commune pou-