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la fièvre et l’isolement du siège. L’Internationale et les chefs révolutionnaires étaient loin d’avoir alors l’importance, et surtout l’influence, que la suite des événements leur attribua. Les résultats des élections du 26 mars furent à cet égard significatifs. Le rôle secondaire des révolutionnaires et des internationaux dans l’insurrection du 18 mars, uniquement provoquée par Thiers, et qui sans lui ne se fût certainement pas produite, à cette date tout au moins, est encore démontrée par le nombre formidable des bataillons de la garde nationale qui acceptèrent la Fédération, et au 19 mars se trouvèrent prêts à marcher sur Versailles, si on les y avait conduits. Un mouvement exclusivement révolutionnaire n’eût pas rassemblé, entraîné à la lutte les trois quarts de la population, comme cela se produisit. Sans l’excitation obsidionale, sans la colère patriotique, sans la misère et le chômage en perspective, malgré toutes les énergies, toutes les passions que la cité renfermait, en dépit des exhortations et des écrits, des affiches et des discours, et quelle que fût l’activité pour la révolution de l’Internationale, des associations ouvrières ou de la jeunesse blanquiste, Paris n’eût été capable que d’une émeute, plus ou moins sanglante, localisée dans certains quartiers, et bien vite réprimée, ou d’elle-même s’éteignant. La Commune de Paris aurait duré ce que durèrent les Communes de Lyon, de Saint-Étienne, de Toulouse, de Narbonne, de Marseille.

Ces grandes et républicaines cités n’avaient pas les griefs politiques et patriotiques de Paris. Elles n’avaient pas, dans le passé, des jeûnes, des privations, ni le prolongement de ces misères en perspective. Lyon, Marseille et les autres villes qui bougèrent à la suite du Dix-Huit mars, subirent sans doute l’entrainement de quelques militants, derrière lesquels se groupaient, pour se désagréger bientôt, les élé-