Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/167

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venent non préparé, éclatant en dehors d’eux, dont ils ne comprenaient pas bien la portée, dont le but les inquiétait, et qu’ils étaient, dans l’état des esprits d’alors, impuissants à seconder. Mais leur inaction, leur soumission aussi laissaient la place ouverte à la monarchie ; la réaction aurait donc pu tout gagner, tout envahir et ramener triomphalement son roi sur le trône rétabli. La province lui avait donné champ libre. La Commune de Paris heureusement veillait. En chargeant ses fusils, en braquant ses canons, en offrant ses poitrines, elle a crié, aux royalistes, à toute la réaction conjurée : On ne passe pas ! Et l’on n’a point passé, comme l’a dit M. Clémenceau, à propos du boulangisme.

Les forces républicaines dont disposait la province, et qu’elle n’a pas employées à secourir Paris, n’ayant point été affaiblies, ni intimidées, sont restées heureusement de soutien. On n’allait pas tarder à avoir besoin de ces réserves. Elles se reformèrent autour des urnes paisibles, au centre des comités légaux. Des bommes compromis, mais non atteints, dans la bataille de 1871, les réorganisèrent et les armèrent pour les luttes électorales à venir. La Commune abattue, un nouveau combat recommença, protégé par son souvenir, et Paris se redressa lentement, parmi les cadavres et les ruines. Son drapeau, le glorieux haillon de guerre civile, comme l’a désigné trop dédaigneusement Gambetta, était renversé, caché, mais non oublié. Tout troué de projectiles, tout englué de sang, il se dressait devant la mémoire des hommes, épouvantail pour la réaction, exemple et stimulant pour les républicains. Il devait demeurer le fanion des avant-gardes. Assurément lors de l’élection de Barodet, première reprise de l’avantage, comme aux diverses consultations qui suivirent, aux élections générales de 1876, aux élections sénatoriales, nul ne se