Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/200

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payée. Nous avons pris, dans ce laps de temps, onze barricades et trois drapeaux.

Cette réclamation est incomplète. Elle ne donne pas le chiffre des vaillants citoyens que le futur général en chef de la Commune a fait passer par les armes, entre les rues Saint-Jacques et des Mathurins. Le plaignant reçut toutefois une satisfaction, qu’il jugea probablement incomplète : il fut, un mois après, décoré. Ceux qui le virent, par la suite, dans les bureaux de la Guerre pendant la Commune, remarquaient que le délégué Cluseret, affichant un grand dédain pour les galons, ornait cependant son veston civil d’un ruban rouge, récompense et souvenirs de ses services de guerre de rues.

Cluseret, après le licenciement de la garde mobile, refusa le grade de lieutenant dans l’armée et fut mis à la retraite. Il avait accepté le coup d’état et reprit du service sous l’empire. Il fit la campagne de Crimée, avec le grade de capitaine. Il se distingua dans cette expédition et reçut deux blessures. Envoyé en Afrique, attaché à l’un des bureaux arabes, substitut du commissaire impérial à Blidah, il donna sa démission pour occuper l’emploi de régisseur du domaine d’un riche éleveur du Midi, M. de Carayon-Latour. De là il passa en Amérique, et trouva emploi dans une banque de New-York.

Mais Garibaldi appelait l’Italie à l’indépendance et attirait en Sicile des aventureux compagnons de tous les pays. Cluseret quitta la plume du clerk, reprit son sabre de combat et recruta dans les bas-fonds de l’émigration une troupe de partisans hardis avec laquelle il débarqua en Italie. Il se battit vaillamment, et, après la conquête de Naples, fut versé, en qualité de lieutenant-colonel d’état-major, dans l’armée italienne. C’était un grade régulier ;