Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/217

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un entrain égal, dans une confiance pareille. Les généraux, bien que très satisfaits de leur plan et impatients de le mettre à exécution, n’eussent pas osé désobéir à la Commune, dont le prestige était alors intact. Ils se fussent soumis pleins de regrets et d’amertume, mâchant leur frein, mais subissant le morts, cessant de s’emballer, incapables assurément de risquer, pour leurs débuts, une désobéissance équivalant à un coup d’état militaire. Les trois généraux eussent donc arrêté leurs troupes, ramené en arrière les têtes de colonne, et la sortie eût été ajournée, après une démonstration suffisante ayant pour résultat de reporter plus loin les avant-postes, sans essayer une action complète.

Mais les membres de la Commune, n’osèrent ni approuver ni défendre la marche sur Versailles. Ils s’abstinrent, laissant aux généraux l’initiative et la responsabilité. Cluserel, le nouveau ministre de la guerre, bien qu’il ait eu tout Le temps d’agir, de donner contre-ordre, étant nommé dès le 2, alors que nul n’eût osé enfreindre ses premiers commandements, imita l’abstention de la Commune. Il assista à la sortie, mais seulement, a-t-il dit, en spectateur. Il est des moments où le rôle d’observateur ou de critique n’est pas permis, et on était à un de ces instants-là. Si le général Cluseret était hostile à la sortie, c’était par amour-propre d’auteur. Le plan n’émanait pas de lui. D’ailleurs, comme il s’en est vanté, il était opposé à des mouvements hors Paris. La lutte, selon lui, et son successeur Rossel partagea ce sentiment, devait être circonscrite dans la ville barricadée, tout au plus le combat devait-il s’étendre par delà les murs, dans l’espace protégé par le feu des forts. Quant aux membres de la Commune, nous avons dit qu’ils avaient en défiance toute opération militaire, et qu’ils croyaient naïvement encore pouvoir éviter la guerre. Le