Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/231

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Mont-Valérien, sans s’être assuré que la forteresse était acquise, ou neutralisée.

Bergeret s’accordait peu avec Cluseret. Le délégué à la guerre le remplaça par Dombrowski dans son commandement. Bergeret s’indigna, parla d’en appeler aux gardes nationaux, et fut, pour cette velléité de rébellion, mis en arrestation. Il fut relâché le 22 avril, et reprit sa place à l’Hôtel-de-Ville, en disant à ses collègues, qui lui firent bon accueil : « Je m’inclinerai toujours devant les décisions de la Commune, et nous devons tous en faire autant. En revenant siéger parmi vous je ne rapporte aucun sentiment de rancune, mais bien l’offre de mon dévouement ! » Il fut adjoint à la commission de la guerre, et ne vit pas sans satisfaction probablement, son ennemi Cluseret, destitué à son tour et arrêté, le remplacer dans sa cellule. Il eut aussi la mission de mener en prison, Rossel, le successeur de Cluseret à la guerre. La prison semblait l’annexe du ministère de la guerre pour ses titulaires.

Vaniteux sans doute, et insuffisamment expérimenté, Bergeret n’apparaît une personnalité importante de l’époque 1871 que par le haut commandement qui lui fut trop légèrement confié. Sa bravoure et ses goûts militaires lui eussent valu, dans un poste secondaire, estime et félicitations. Il demeurera chargé du poids de la défaite du 3 avril et surtout de l’intervention foudroyante du Mont-Valérien. De cette surprise il n’est pas le coupable principal : Lullier d’abord, puis les membres du Comité Central, et les membres de la Commune, auraient dû occuper ou faire cerner la forteresse du 19 mars au 3 avril. Cette aberration partagée, mais inexcusable quand même, accable Bergeret plus directement parce que les troupes qu’il commandait en furent les victimes immédiates, mais tous ceux qui, depuis l’insurrection, avaient détenu l’autorité auraient pu aviser