Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

couru promptement. Vinoy ou Galliffet n’eûssent pas osé engager une action générale dans ces conditions. C’était donc folie que de vouloir passer sous les canons du Mont-Valérien hostile ; c’était non seulement compromettre la sortie et faire couler inutilement le sang de braves combattants conduits dans une embuscade, mais c’était encore risquer de donner élan et courage aux Versaillais, et démoraliser en même temps les défenseurs de Paris.

Nous avons vu, par le récit de Lisbonne, que des fédérés tentèrent de braquer des pièces sur le fort, et à la faveur du bombardement songèrent à lui donner l’assaut. Mais les moyens faisaient défaut, la grosse artillerie manquait et un assaut ainsi improvisé n’avait nulle chance de succès. Le Mont-Valérien exigeait un siège véritable, et il aurait dû être entrepris. Les fédérés, en concentrant toutes leurs forces dans les bois, sur les collines qui avoisinaient le fort, eussent acquis des positions inexpugnables, en attendant la reddition inévitable du Mont-Valérien. Il eût fallu plusieurs journées et plusieurs combats pour que Thiers et Vinoy pussent oser une marche en avant par des bois et des ravins, où les fédérés se fussent facilement et formidablement retranchés. Le Mont-Valérien pouvait même rapidement tomber entre les mains des fédérés. On a constaté avec étonnement, et après coup, que ses obus firent plus de bruit que de désastres. Ils effrayèrent, ils répandirent la panique, mais, au total, les tués et les blessés par ses canons furent en nombre insignifiant. Les chevaux de Bergeret et le malheureux officier d’état-major qui était monté dans sa voiture, plus quelques fuyards dans la plaine, furent à peu près les seules victimes de cette artillerie, qui cependant démonta l’armée des fédérés et sauva Versailles, On a été jusqu’à prétendre que le Mont-Valérien avait ménagé les coups, tirant sans chercher à entamer les colonnes ;