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(Amilcare Cipriani journaliste parisien !) avait eu le temps de changer de vêtements… »

Le Cri du peuple de Jules Vallès donne cette nouvelle version : « Flourens, à la tête de ses hommes, se serait avancé témérairement sur la route. Aussitôt entouré et reconnu, il aurait été traîna à terre. On lui a tranché la tête et ensuite tiré des coups de fusil. »

Quant à l’Opinion Nationale, journal très important, aux informations ordinairement sérieuses et contrôlées, elle nous apprend que « c’est à la gare de Rueil que Flourens fut fait prisonnier. À ce moment, il tira un coup de revolver sur un garde républicain. C’est alors qu’un capitaine de ce bataillon, indigné, porta à Flourens un coup d’épée dans l’œil gauche. Plusieurs autres coups lui furent portés. Il tomba mort ». (No daté du jeudi 6 avril.) La gare de Rueil, ligne de Saint Germain, est à plus de mille mètres de la Seine et à semblable distance de Chatou, la station suivante.

Lissagaray, dont le récit est dans son ensemble assez exact, écrira dans son Histoire de la Commune une variante fautive. Il indique la berge comme ayant été le théâtre du meurtre :

Cipriani avisa une maisonnette voisine, près du pont de Chatou, fit prix d’une chambre, où Flourens le suivit, déposa son sabre, son revolver, son képi et se jeta sur le lit. Un individu envoyé en reconnaissance les dénonça et une quarantaine de gendarmes cernèrent la maison. Cipriani, le premier découvert, veut se défendre, est assommé. Flourens, reconnu à une dépêche trouvée sur lui, est conduit sur le bord de la Seine, où il se tient debout, tête nue, les bras croisés. Un capitaine de gendarmerie, Desmarets, accourt à cheval, hurle : « C’est vous Flourens, qui tirez sur les gendarmes ! » et se dressant sur ses étriers, lui fend le crâne d’un coup si furieux qu’il lui fit deux épaulettes, dit un gendarme qui avait le mot jovial…

(Lissagaray. — Histoire de la Commune, p. 182.)