Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/280

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la brigade Derroja était avec la division Pellé au pied de cet ouvrage — la redoute de Châtillon, — et deux batteries de 12 cherchaient à éteindre le feu. Nos braves soldats ne laissèrent pas le temps à l’artillerie d’achever son œuvre. Ils gravirent au pas de course les pentes du plateau et chargèrent à l’arme blanche les défenseurs du plateau, atterrés d’un élan dont ils n’avaient pas soupçonné la puissance.

(Un Officier supérieur. — Guerre des Communes, p. 130.)

Duval avait vu le danger. Il ne put convaincre ses hommes de la nécessité de tenir jusqu’à la dernière cartouche, jusqu’au dernier combattant. Il avait pressenti la veille le danger grave. Sombre et résolu, il avait dit très haut : « Je ne reculerai pas ! Nous nous ferons tous tuer ici jusqu’au dernier ! » Il savait que la redoute n’était pas suffisamment défendue, mais la résistance était possible. Il ne put obtenir un nouvel effort de troupes ayant passé deux nuits sans sommeil, à peu près à jeun, exténuées, et découragées aussi par la journée de la veille, où l’on s’était battu contre des forces vingt fois supérieures, où il avait fallu opérer, sous le feu de l’ennemi, une retraite difficile depuis Villacoublay. Il ne put faire ouvrir des tranchées en avant de la redoute, ni réparer celles restant du siège, ni établir des postes avancés. Il comptait toutefois, ses hommes reposés, employer la matinée à mettre en état de défense sa position. La hâte avec laquelle le mouvement tournant avait été opéré, et la brusquerie de l’attaque ne lui en laissèrent pas le temps. Sa résolution de ne pas reculer était héroïque, mais il était à peu près seul à l’avoir. Il pouvait aussi espérer que, de Paris, on enverrait des renforts, qu’on le dégagerait. De leur côté les forts d’Issy et de Vanves, en tirant avec violence sur les colonnes versaillaises, dont on avait dû découvrir le mouvement vers Bagneux et Fontenay, les arrêteraient et permettraient aux fédérés, près d’être