Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pistes, qui avaient blâmé la sortie, comme Cluseret éprouvaient une arrière-satisfaction. Ils voyaient dans l’insuccès des généraux un affaiblissement de la prépondérance militaire qu’ils semblaient craindre par-dessus tout. Plusieurs, en eux-mêmes, étaient disposés à considérer comme un événement heureux cette sortie manquée, puisqu’elle devait forcer les militaires à se tenir tranquilles, à se contenter de faire la guerre dans Paris, si Versailles les y contraignait, à ne pas s’éloigner des forts et des remparts surtout. Ces politiciens peu clairvoyants, qui persistaient à blâmer toute action militaire extérieure, se croyaient invincibles dans l’enceinte fortifiée. Ils profitèrent de la déroute pour interdire toute tentative de sortie nouvelle. Ils furent appuyés par divers journalistes, Rochefort entre autres, qui, dans le Mot d’Ordre, du 7 avril, résuma cette conception de la défense de Paris, en disant avec une présomptueuse méconnaissance de la situation :

La garde nationale, bien fortifiée dans Paris, attendait l’arme au pied une attaque qui ne venait pas. Où était la nécessité de la faire marcher sur Versailles ?

Attendre l’ennemi l’arme au pied, c’était aussi la conception stratégique de Trochu. On savait cependant à quoi elle avait abouti. Cluseret la reprit pour son compte, et de son entrée au ministère de la guerre, bien plus que de la déroute même des 3 et 4 avril, ou peut dater la défaite de la Commune. La panique de ces journées était réparable, la stagnation derrière les murs était sans issue, sans espoir. Les exemples de ce résultat fatal ne manquaient pourtant pas.

La sortie d’avril avait été mal conduite, après avoir été insuffisamment préparée, on pouvait dire même pas préparée du tout. C’était un fait incontestable. L’insuccès inévi-