Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/305

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set était, comme on le sait, élégant, soigné de sa personne, toujours correctement habillé et s’exprimant avec distinction. Était-ce la faute du délégué si la France avait alors ses frontières aux fortifications, si la porte de Pantin était le commencement du territoire allemand, et si M. Thiers, interceptant les lignes télégraphiques, empêchait Paris d’avoir des relations avec Lyon ou Lille, même avec Bourg-la-Reine ou Argenteuil ? C’était reprocher à un prisonnier garrotté de ne pouvoir aller se promener à la campagne.

La Commune était un gouvernement de fait. M. Thiers reconnaissait son existence, s’il déniait à ses partisans le caractère de belligérants, puisqu’il s’efforçait de rassembler contre elle une armée de 130,000 hommes et qu’il se préparait à lui envoyer des obus du haut de Saint-Cloud. On ne tire pas sur des combattants n’existant pas, et on n’arme pas contre des gouvernements imaginaires. Tous les pouvoirs issus d’une insurrection, et la République de Jules Favre et de Trochu fut dans ce cas, après le 4 septembre, traversent une période transitoire, préparatoire, où, vis-à-vis des puissances étrangères, ils ne peuvent avoir qu’une existence précaire et conditionnelle. Leur reconnaissance, leur admission au protocole diplomatique sont subordonnées à leur durée, à leur succès. Napoléon III, après son coup de décembre, ne fut pas reconnu immédiatement comme empereur des français. L’Europe attendit que son maintien au pouvoir fût avéré, se montrât acceptable ; de nos jours, la jeune république portugaise a eu, à ses débuts, des relations extérieures aussi peu étendues que celles que pouvait avoir, en avril 1871, le ministre de la Commune. La tradition internationale, l’usage entre États et le protocole diplomatique exigent que tout pouvoir neuf fasse connaître son avènement, d’une façon officielle, le notifie aux représentants des autres nations se trouvant,