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CÉRÉMONIE FUNÈBRE

Une fête grandiose et lugubre fut offerte au peuple de Paris, le jeudi 6 avril. Versailles en avait fourni les éléments. Il s’agissait de rendre les honneurs funèbres à un certain nombre de vaillants tombés dans les trois journées de combat des 2, 3 et 4 avril. On avait en hâte transporté à l’hôpital Beaujon, faubourg Saint-Honoré, dépôt mortuaire le plus proche, des cadavres relevés dans les plaines du Mont-Valérien, à Nanterre et à Courbevoie. Le plus grand nombre des hommes tués dans ces trois journées sinistres, et principalement ceux qui avaient trouvé la mort à Meudon, à Châtillon, n’avaient pu être ramenés à Paris. Ils furent inhumés sur place. Toute la campagne fleurie des environs de Paris est ainsi devenue depuis les deux sièges un cimetière épars, où, sauf sous quelques tertres choisis, voisinent, dans un charnier souterrain et invisible, soldats, mobiles, gardes-nationaux, francs-tireurs, et aussi les morts exotiques, prussiens, bavarois, saxons, réunis dans une sépulture anonyme. Quelques monuments commémoratifs, et des enclos acquis par des particuliers d’Allemagne ou des groupes de patriotes français, signalent les morts du premier siège, les trépassés du siège régulier, admis aux honneurs du Souvenir. Ils sont l’objet et le but de patriotiques pèlerinages aux jours anniversaires. Les morts du second siège, les morts de la Commune, ceux qui furent enterrés dans les champs, n’ont eu droit jusqu’ici à aucune commémoration.

La cérémonie funéraire du 6 avril avait un caractère officiel, et ce service commandé constituait surtout un hommage symbolique et collectif aux morts identifiés ou non, aux corps qu’on avait pu enlever et déposer dans les bières