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en retraite sous la mitraille, ces commandants à l’écharpe rouge frangée d’argent apparaissent, dès que la guerre civile entre dans la phase des batailles, comme les véritables chefs de ce grand mouvement populaire. Leur victoire eût été celle de la Révolution, leur défaite devait entraîner celle de la Commune, c’est-à-dire l’ajournement à une époque indéterminée de l’ordre social nouveau rêvé, proclamé, et qui n’est pas encore près d’être atteint.

Les plus intelligents, les plus avancés des républicains et des socialistes d’alors préparaient cet avenir, entrevu, annoncé dans les discours, formulé dans les manifestes de la Commune, mais l’armée de la Commune pouvait seule le réaliser, l’imposer. Le Comité Central fut pour les contemporains, non pas un gouvernement occulte, ainsi que la postérité l’envisage volontiers, mais le véritable pouvoir actif et utile de l’insurrection obligée de lutter pour permettre à la Commune de vivre.

DEUX VRAIS CHEFS DE LA COMMUNE

Le gouvernement de la Commune et le Comité Central ont compté plusieurs membres ayant le programme et l’esprit socialistes, et cependant le Socialisme, considéré comme un groupe séparé, comme un parti nouveau en dehors des anciens partis politiques ou révolutionnaires, n’y était représenté que par une minorité. C’était la conséquence de l’état de l’opinion. Les socialistes, tels qu’ils sont aujourd’hui groupés, agissants, n’étaient alors qu’en petit nombre ; noyés dans la population parisienne, ils contribuèrent au succès de l’insurrection, le Dix-Huit mars, mais ils ne furent que des auxiliaires, quoi qu’en aient prétendu depuis certains théoriciens et historiens du parti.

Un principe a cependant dominé toute la période com-