Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/346

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venaient de montrer pour Paris, s’empressa de falsifier la vérité, dans une dépêche datée de Versailles, 12 avril, dans laquelle il disait :

Paris jouira comme Lyon, Marseille, d’une représentation municipale élue, qui, comme dans les autres villes de France, fera librement les affaires de la cité, mais pour les villes comme pour les citoyens, il n’y aura qu’une loi, une seule, il n’y aura de privilège pour personne.

Était-ce établir une loi pour toute la France que de constituer deux sortes de municipalités, et que de placer Paris dans un statut spécial, mettant son conseil sous l’autorité du préfet de la Seine et du préfet de police, en même temps que les maires et adjoints de chaque mairie de ses arrondissements devenaient des fonctionnaires nommés par le ministre ?

Il est vrai que, dans cette dépêche où le mensonge éclatait à chaque ligne, M. Thiers déclarait que, « quant aux insurgés, les assassins exceptés, ceux qui déposeront les armes auront la vie sauve ». En se reportant aux 20,000 parisiens qui furent par la suite fusillés, alors que la restriction prévue semblait ne devoir s’appliquer qu’aux individus convaincus d’avoir participé au meurtre des généraux Clément-Thomas et Lecomte, en y ajoutant même ceux qui formèrent les pelotons d’exécutions de la Roquette et de la rue Haxo, on doit se demander si M. Thiers a menti, avant comme après cette dépêche, ou s’il a simplement oublié, effacé sa promesse, sauf à se retrancher derrière celui à qui l’avait confié la saignée, son aide en chef, Mac-Mahon.