Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/356

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comptait bien quitter qu’avec la vie. Le dissimulé candidat s’assit sournoisement à la place de son introducteur berné, le 24 mai 1873.

Mac-Mahon fut un conspirateur aussi ambitieux, aussi tenace, aussi fourbe que Louis-Napoléon, et, s’il ne s’était pas appelé d’un nom irlandais, si, comme le prince président de la République, il avait eu pour oncle le vainqueur de Brumaire et d’Austerlitz, il l’eût imité jusqu’au bout. Mais Mac-Mahon Ier n’était pas possible. Sans l’énergie des chefs républicains, Gambetta en tête, sans peut-être la rebellion opportune d’un officier, le major Labordère, et aussi sans l’obstination D’Henry V et de ses légitimistes, heureusement absurdes, à vouloir arborer leur impossible drapeau blanc, on aurait probablement subi au Seize-Mai, ne pouvant recommencer le Deux-Décembre, une restauration quelconque, ainsi que celle qu’un Monk put entreprendre. Mac-Mahon, après son coup d’État parlementaire, était pourtant entouré d’hommes de main comme Fourtou et Rochebouet, bonapartistes énergiques. La République a été sauvée et fondée malgré ce dangereux conspirateur et ses peu scrupuleux collaborateurs. Il s’est aperçu trop tard, quand il lui fallut non seulement se soumettre, mais se démettre, qu’il n’avait pas assez massacré de républicains durant les journées de mai 71.

Thiers fut son jouet et sa victime, car l’ambitieux petit homme ne survécut guère à la perte du pouvoir. Il eut le temps de voir son maître, son vainqueur, sur le point de réussir, et de se maintenir. Ce fut là son seul châtiment. On oublie trop souvent que Mac-Mahon doit partager avec lui la réprobation populaire et la flétrissure de l’Histoire.

Le maréchal ne fut pas un simple instrument docile dans la main de Thiers, et s’il reçut l’ordre de massacrer le plus de parisiens qu’il pourrait, il l’exécuta avec tant de