Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/370

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

derrière les barricades du boulevard Voltaire, de la Butte aux Cailles, de la rue Saint-Maur et du Père-Lachaise, les dernières cartouches ayant été tirées le dimanche matin 28 mai. Les rapports et les pièces d’instruction aux conseil de guerre sont non seulement inexacts, mais complètement chimériques. Il est impossible de s’en rapporter aux documents apportés dans les poursuites qui eurent lieu après la défaite, pas plus qu’aux totaux qui ont été à diverses reprises publiés par le Journal Officiel. Les contrôles, les états dressés par la Commune ont été, pour la plupart, brûlés dans les incendies, ou détruits par prudence. Ceux qui possédaient des situations de bataillons ou de compagnies, à l’aide desquelles on aurait pu reconstituer les cadres et les effectifs, ont fait disparaître ces papiers compromettants. Les états de solde, les bons de fournitures, les comptes de trésoriers, qui ont été retrouvés mais incomplets, ne peuvent donner que des chiffres approximatifs. Et puis, les aurait-on intacts, qu’il ne faudrait les citer qu’avec de grandes réserves : comme l’a fort bien dit M. Thiers, en parlant des 170,000 hommes rationnaires portés sur les états de l’armée de Versailles, tous ceux qui touchent une ration ne sont pas des combattants. Dans la garde nationale surtout, la solde et les vivres perçus ne correspondent pas au total des hommes ayant effectivement combattu. Il s’était produit une déperdition considérable depuis la sortie des 3 et 4 avril et la division en compagnies de marche et en bataillons sédentaires, assez fâcheusement imposée par Cluseret. Les rapports officiels, à Versailles, font entrer dans l’effectif de l’armée de la Commune tous les gardes nationaux faisant partie des 20 légions existant au moment de la Fédération. Il put y avoir, au Dix-Huit mars, 234 bataillons inscrits aux contrôles du ministère de la Guerre, auxquels on pouvait ajouter un cer-