Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/40

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préoccupa de la rendre meilleure. Il est le premier socialiste qui se soit occupé de la démocratie paysanne, et qui ait défendu la cause des ouvriers de la terre.

Il fit de bonnes études au collège de Besançon, et reçut l’éducation d’un jeune bourgeois. À dix-huit ans, comme il lui fallait gagner pain et abri, il entra, ouvrier typographe, dans l’imprimerie de Gauthier et Cie, qui éditaient surtout des ouvrages religieux. Il ne stagna pas devant la casse du compositeur, et prit bientôt l’emploi de correcteur. Toute une collection d’auteurs ecclésiastiques lui passa sous les yeux. Il acquit ainsi une sérieuse érudition théologique. Elle lui servit fort par la suite. La connaissance approfondie des auteurs grecs et latins donna de l’élévation à sa pensée, de la force à son style. Comme J.-J. Rousseau, il fit son entrée dans les lettres, assez tard, par un mémoire à une académie de province, sur « l’utilité de la célébration du Dimaache ». Il ne fut classé que le quatrième. Il avait haussé le ton ordinaire de ce genre d’écrits et choqué la pondération départementale. Ecœuré, il résolut de prendre son essor, hors de la cage natale, et de voler vers Paris qui l’attirait. Il voulut frapper un coup et attirer l’attention. Il lança, comme une pierre dans les carreaux de l’opinion, sa fameuse formule : « Qu’est-ce que la propriété ? — C’est le vol ! » On ne lut peut-être pas sa brochure, mais on en parla. C’était la notoriété. Il éprouva quelque honte de ce tapage, mais il le rechercha de nouveau. Un second ouvrage : « Mémoire sur la propriété » et son « Avertissement aux propriétaires. Lettre a M. Considérant » suivirent. Il avait sonné la cloche, son appel retentit dans le cabinet du procureur du roi. Il fut cité devant les jurés de Besançon. Ces bourgeois ne voulurent pas se montrer sévères envers un jeune compatriote, qui déjà faisait parler de lui si fort ; ils l’acquittèrent,