Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/401

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qui voulait être une insulte, que les étrangers avaient eu une grande part à l’insurrection. La statistique, d’après les documents même fournis aux conseils de guerre, a établi combien ces racontars malveillants étaient loin de la vérité. Il y eut seulement quelques belges, quelques italiens, mais en très petit nombre, qui prirent les armes pour la Commune. On ne saurait faire appel à des chiffres, ils n’existent pas en quantités probantes ou sont faux, car la plupart des étrangers qui furent pris, étant dénoncés comme communards, furent sommairement fusillés, sur la simple révélation de leur nationalité. Il convient cependant de ramener à une proportion minime le nombre des étrangers ayant servi la Commune. Beaucoup de ces infortunés furent arrêtés à raison de leur accent ou de leur nom, bien que n’ayant nullement participé à l’insurrection. Le bon sens, et un peu de réflexion, suffisent à expliquer comment il ne pouvait se trouver des étrangers, en quantité appréciable, parmi les troupes de la Commune, les Polonais exceptés, à raison de l’importance de leur émigration ancienne.

D’abord le mouvement populaire, qui devait aboutir à la prise de possession du pouvoir à Paris par le Comité Central et la Commune, fut, à son origine, uniquement patriotique, chauvin même, donc très défiant envers les étrangers, à quelque nationalité qu’ils appartinssent.

La capitulation, la menace de l’entrée des prussiens, l’idée spontanée de mettre les canons hors de leur atteinte groupèrent les gardes nationaux, préparèrent la Fédération, et l’on ne fit aucun appel aux étrangers. On tint plutôt à l’écart ceux que l’on reconnaissait pour tels, quand ils se présentèrent pour être incorporés. Quant à ceux qui avaient pu se trouver déjà enrôlés dans les bataillons pendant le siège, ils n’entrèrent pas dans la Fédération par prudence,