Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/402

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ou tout simplement par ce qu’on les éconduisit. Très peu de non-français se trouvaient alors à Paris. Bien avant le 4 septembre, tous ceux qui appartenaient à une nationalité étrangère s’étaient bâtés de retourner dans leur pays, s’ils avaient pu se procurer les ressources indispensables pour partir. Un certain nombre ne pouvait, ne voulait quitter la France : c’étaient principalement des artisans, des employés quelques petits commerçants sans grandes ressources. Ils restèrent dans ce pays d’adoption où ils étaient accoutumés à vivre, où ils avaient leurs habitudes, leur travail, des amitiés, des affections, et même des liens de famille. La plupart de ces émigrés, à demi français, s’engagèrent dans un corps spécialement formé à leur intention : la légion des Amis de la France. Cette légion fut licenciée à la fin de la guerre. Il y eut donc fort peu d’exotiques, qui, comme ils ne figuraient pas dans la garde nationale, pendant le siège, s’y firent inscrire depuis. La méfiance, et même l’hostilité énergique des citoyens eussent tenu à distance ces nouveaux venus. Presque tous ainsi s’abstinrent, se dissimulèrent, attendirent les événements, en évitant d’attirer l’attention sur eux. Cette attitude prudente n’empêcha pas ces neutres d’être arrêtés par la suite, envoyés sur les pontons ou à l’Orangerie, en attendant qu’ils aient pu se faire réclamer par leurs consuls. L’élément étranger fut ainsi très faible dans les bataillons organisés depuis la Fédération. Les quelques belges, italiens ou suisses, restés à Paris, à la déclaration de guerre, retenus par des affections de famille, des alliances, par l’impossibilité de rentrer chez eux, par la misère aussi, se tinrent en dehors de toute participation à la Commune, et on n’en vit guère figurer parmi les militants des clubs, ou les individualités remuantes des compagnies. Une exception est à signaler : un hongrois, Léo Frankel, fort intelligent et actif, membre de