Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/406

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans la défaite, essaierait encore une fois de soulever la pierre de son tombeau. Ils se disaient, avec les illusions de patriotes toujours déçus, mais toujours croyant au miracle de la résurrection, que des secours leur viendraient de cette Commune triomphante en France et redoutée en Europe. Et alors ils suivaient avec enthousiasme les clairons de Dombrowski sonnant la charge. C’était pour eux la diane de la Patrie.

Et puis, tous, depuis l’obscur Trente-sous jusqu’au superbe général, ils aimaient par-dessus tout le combat. La poudre était l’alcool qui les saoûlait le plus. Ils étaient de cette race chevaleresque et intrépide qui, durant tant de siècles, avait barré les routes de l’Europe aux invasions barbares, et dont Napoléon avait tiré les plus audacieux cavaliers de la Grande Armée. L’ombre glorieuse de Poniatowski semblait les commander sous le drapeau rouge.

La Commune confia ses armées à deux vaillants polonais : Dombrowski et Wrobleski, parce qu’ils étaient non seulement des braves, mais aussi des officiers très capables. La bonne volonté, le courage et le désir de vaincre ne suffisent pas à la guerre. I] faut aussi de l’expérience, l’habitude de manier des masses d’hommes et l’art de disposer ses forces, d’opposer, comme dans un duel, le fer au fer, de parer à temps, et de foncer à propos.

On aurait pu charger du commandement des français sans doute ; il n’en manquait pas à Paris qui avaient pour eux le courage, mais presque tous manquaient de la science professionnelle, n’étaient pas des militaires. Ces hommes, braves et bien doués, comme Eudes, n’avaient pas appris à l’école spéciale l’art des combats ni pratiqué ses principes sur le champ de bataille. Novices dans un métier difficile, dont la plupart n’avaient même pas fait l’apprentissage, mais quelques-uns furent vite exercés, presque tous étaient