Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/407

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capables de se faire tuer, incapables de vaincre L’armée de la Commune ne supporta point, sans récriminations, le choix de ces généraux polonais, bien qu’ils eussent pour eux la pratique et le savoir. Elle profita de leur expérience militaire, mais elle leur témoigna plutôt de la méfiance, et souvent de l’ingratitude. Dombrowski, Wrobleski et d’autres sous leurs ordres furent peut-être, comme on l’a dit, des condottières, mais ils ne se battirent pas comme les mercenaires de la Renaissance, pour de l’argent. Braves par-dessus tout, en servant la Commune ils étaient persuadés qu’ils servaient la cause du Peuple et de l’humanité, et à cette cause ils sacrifiaient leur vie. Il n’y eut pas assez de ces polonais dans l’armée de la Commune.

LES FAUTES DU GÉNERAL CLUSERET

À toutes les péripéties de la lutte, bien des fautes furent commises et des omissions impardonnables se produisirent. Mais il est juste d’établir que les généraux que la Commune mit à la tête de ses troupes ne furent ni aussi incapables, ni aussi négligents qu’on l’a dit, qu’on l’a écrit. Il ne faut pas perdre de vue les chiffres donnés ci-dessus. Avec 30,000 hommes dans la main, au maximum, ce furent des prodiges de résistance qu’accomplirent Dombrowski. La Cécilia et même Eudes qui n’était point un véritable militaire, mais qui, en sous-ordre, s’acquitta valeureusement et intelligemment des commandements confiés. Mais les fautes du commandant en chef Cluseret furent nombreuses et graves ; de plus, pas toutes d’ordre stratégique.

Trois périodes sont à distinguer, après la sortie malheureuse des 3 et 4 avril, et le rassemblement de l’armée de Mac-Mahon. Du 5 au 30 avril, Cluseret eut la direction absolue des opérations militaires et aussi toute la responsa-