Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/420

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l’entendement populaire. Enfin, en se privant du concours des hommes au-dessus de quarante ans, Cluseret écartait des bonnes volontés excellentes et des énergies supérieures. Les vieux républicains, ceux qui avaient lutté pendant les dix dernières années de l’empire, étaient peut-être les plus solides combattants que la Commune pouvait appeler. En les mettant à la retraite par ce décret, Cluseret et la Commission exécutive humiliaient ces vétérans, capables de faire le coup de feu avec ardeur et de mourir avec dévouement pour une cause qu’ils estimaient être celle du Peuple et de la République, et favorisaient les indifférences et les inerties. Un grand nombre, il est vrai, de ces braves, que le décret laissait chez eux comme hors d’âge, prirent rang, comme volontaires, dans les compagnies de marche, s’y montrèrent les meilleurs soldats, et le malencontreux décret ne fut pas sérieusement appliqué. Il ne fallait donc pas le prendre.

LES TRENTE SOUS

Nous avons énuméré les forces et les ressources des deux armées en présence. La supériorité du nombre était du côté de Versailles, mais du côté de Paris se manifestait la supériorité de l’audace et de l’énergie, avec une fièvre croyante, une foi qui manquait aux rapatriés de l’Allemagne, aux rappelés des garnisons, aux épaves du naufrage de 1870. La capacité des généraux versaillais n’était pas exceptionnelle, loin de là, et si les officiers inférieurs parurent généralement plus actifs, plus vigilants que ceux de la Commune, ce qu’expliquent suffisamment leur instruction militaire antérieure, leur expérience professionnelle acquise, beaucoup étaient des adjudants et des sergents-majors promus pendant la guerre ; les officiers supérieurs, eux, étaient pour la plupart fourbus et découragés. Les