Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/421

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défaites subies en France, l’internement en Allemagne, avaient abattu les plus forts. Quelques-uns cependant avaient rapporté de la captivité une rage concentrée, un besoin de revanche, de représailles, qu’ils assouvirent sur les parisiens. Beaucoup avaient engraissé et pouvaient avec peine boutonner leur vieil uniforme et se tenir à cheval. Quant au haut commandement, Cluseret, Rossel, Dombrowski, Wrobleski, La Cécilia valaient bien Douay, Clinchant, Ladmirault, généraux battus, et, bien avant les revers, réputés médiocres. La preuve de leur faible capacité est fournie par la lenteur de leurs opérations, par leurs mauvaises dispositions de combat. Ils permirent aux fédérés décimés, épuisés, de prolonger une lutte qui, à l’extérieur, devait être plus courte. Quant à la prise de Paris, à sa surprise plutôt, elle fut l’œuvre des circonstances beaucoup plus que des talents militaires de Mac-Mahon et de ses lieutenants. Paris était si mal défendu à l’intérieur, si peu prêt à repousser la pénétration victorieuse des assaillants, qu’un général même médiocrement habile, une fois la porte d’Auteuil franchie, devait s’emparer de la ville entière en une seule nuit. Le lundi matin, en s’éveillant, Paris se fût trouvé envahi, réduit à l’impuissance, à l’exception de quelques points extrêmes isolés, relativement en état de défense, comme Montmartre, Belleville, la Butte aux Cailles. Ces donjons ne pouvaient tarder à être cernés, canonnés, et réduits à une résistance désespérée, mais brève.

L’Assemblée a voté des éloges à son armée et des couronnes ont été tressées en son honneur par les peureux rassurés, par les réactionnaires pleins d’espoir. En réalité, une partie seulement de l’armée méritait au point de vue militaire un hommage. Quelques régiments, toujours les mêmes, ceux de la division Faron principalement, ont seulement combattu avec ardeur. Aussi les retrouva-t-on partout, dans